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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/331

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Vois-tu cette inégale masse
Qui partout n’est que pierre ? En ce même moment,
Je lui veux, devant toi, donner du mouvement,
Et que les corps divers qui naîtront en sa place,
Attirent ton étonnement.

Thalie.

Je brûle de voir ces merveilles.

Le génie.

Tu m’avoueras peut-être que jamais
Il ne s’en est vû de pareilles ;
Mais il est temps d’en venir aux effets.
Animez-vous, rochers, & changez de figure ;
Paraissez tout couverts d’hommes & de verdure,
C’est moi qui veux ces divers changemens,
Et voir de votre sein naître des Instrumens.

[On voit ici la Montagne se remuer ; elle est en un moment couverte d’arbres, & il s’en détache des pierres qui sont changées en hommes. Ces hommes touchent d’autres pierres, & elles deviennent des violons entre leurs mains. Ils en jouent un air dont la vîtesse du mouvement rend Thalie toute surprise.]

Thalie.

Tu promets moins que tu ne donnes,
Et ma peine déjà commence à s’adoucir.
Quels divertissemens, lorsque tu les ordonnes,
Peuvent manquer de réussir ?

Le génie.

C’est encor peu ; je veux que vous fassiez paroître
Un Berger dont les doux accens
Suivent les tons ravissans
De quelque Nymphe champêtre.

[En même temps on voit deux morceaux de rocher se changer en une nymphe & en un berger ; ils s’avancent, & chantent les paroles qui suivent.]