Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/353

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Il faut du moins nous accorder,
Pour louer dignement cette belle comtesse.

La Jeunesse.

La louer ? Ce n’est point mon fait.
Je ne pourrois assez élever son mérite,
Et j’aime mieux en être quitte
Pour ma guirlande & ce bouquet.
Prenez, d’une déesse il n’est rien qu’on refuse.

L’Amour.

Pour moi, qui cherche à voir tous les cœurs sous ses loix,
Je sai comme il faut que j’en use,
Et veux mettre à ses piéds mon arc & mon carquois.

Olympe, reprenant le carquois de l’Amour, d’où elle tire un billet parmi les fléches.

Qu’il est bien fait ! Mais, dieux !
[à la comtesse.]
Madame, c’est à vous que ce billet s’adresse.

La Comtesse.

Lisons.

Olympe.

Lisons.De l’Inconnu j’admire le talent,
Tout ce qu’il fait enchante.

La Comtesse.

Tout ce qu’il fait enchante.Il n’est rien plus galant.

BILLET.

Quoique ma passion extrême
Me fasse un souverain bonheur
Du plaisir de vous dire à quel point je vous aime,
Permettez que l’Amour vous parle en ma faveur,
Avant que je parle moi-même.
J’ose attendre beaucoup d’un entretien si doux.
Hé, qui sent mieux que lui ce que je sens pour vous ?

Olympe.

C’est s’exprimer avec tendresse.