Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/378

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Virgine.

Elle y gagneroit peu ; les cœurs que vous prenez
À soupirer pour vous sont long-temps destinés,
Et le marquis…

La Comtesse.

Et le marquis…Je crois, sans trop faire la vaine,
Qu’à m’oublier si-tôt il auroit quelque peine ;
Mais enfin l’Inconnu que je brûle de voir,
Qu’en arrivera-t-il ?

Virgine.

Qu’en arrivera-t-il ?Le voulez-vous savoir ?
Un je ne sai quel bruit a frappé mes oreilles,
Que des Bohémiens font ici des merveilles ;
Si vous les consultez, peut-être ils vous diront
De quel côté vos vœux à la fin tourneront.
Envoyez-les chercher.

La Comtesse.

Envoyez-les chercher.Sottise toute pure.

Virgine.

Ils sont savans, dit-on, sur la bonne avanture.

La Comtesse.

Par des Bohémiens éclaircir mon destin !

Virgine.

Comment, vous allez bien chez madame Voisin ?
En sait-elle plus qu’eux ?

La Comtesse.

En sait-elle plus qu’eux ?J’y vais par compagnie.

Virgine.

Mon Dieu, comme à beaucoup, c’est-là votre manie.
Les femmes ont ce foible, on ne les peut tenir.
Elles courent partout où se dit l’avenir ;
Et pour une réponse ou fausse, ou véritable,
J’en sai qui volontiers iroient trouver le diable.
Les avertira-t-on ?

La Comtesse.

Les avertira-t-on ?Fais ce que tu voudras.

Virgine.

Vous en riez ?