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Scène III

LA COMTESSE, LE CHEVALIER.
La Comtesse.

Vous en riez ?Hé quoi ? Toujours chagrin ?

Le Chevalier.

Vous en riez ?Hé quoi ? Toujours chagrin ?Hélas !
Madame, ignorez-vous les ennuis qu’on me donne ?
On ne le voit que trop, Olympe m’abandonne ;
Pour moi, pour mon amour, il n’est plus de secours.

La Comtesse.

Écoutons les amans, ils se plaignent toujours ;
La moindre vision, un rien, une chimere,
C’est assez, leur chagrin nous en fait une affaire.
Nous savons mal aimer.

Le Chevalier.

Nous savons mal aimer.J’ai voulu, comme vous,
Traiter de noir chagrin mes sentimens jaloux ;
Mais, & vous l’avez pû vous-même assez connoître,
Olympe fuit sitôt qu’elle me voit paroître,
Mon amour n’offre ici que des vœux superflus ;
Depuis qu’elle est chez vous, je ne la connois plus.
Si j’obtiens qu’un moment elle souffre ma vûe,
C’est un froid qui me glace, un dédain qui me tue ;
Et sur ce qu’à toute heure elle cherche à rêver,
Je soupçonne un rival que je ne puis trouver.

La Comtesse.

Qu’on est fou quand on aime !

Le Chevalier.

Qu’on est fou quand on aime !Oui, blâmez-moi, Madame.

La Comtesse.

Quoi, vous ne savez pas ce que c’est qu’une femme,
Et que lorsqu’elle veut mettre sa flamme au jour,
Ses inégalités sont des marques d’amour ?