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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/422

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Scène V

LA MONTAGNE représentant Zéphire, AGLAURE.
Zéphire.

Quoi, tout de bon, vous êtes en colere
D’un secret qui ne peut encor se révéler ?

Aglaure.

Oui, c’est m’offenser que se taire,
Quand je cherche à faire parler.

Zéphire.

Il n’est intention meilleure que la mienne.
Si vos desirs ne sont pas éxaucés,
C’est qu’un ordre d’en haut…

Aglaure.

C’est qu’un ordre d’en haut…Il n’est d’ordre qui tienne ;
Je prie, & ce doit être assez.

Zéphire.

Encor n’est-ce pas un grand crime
De vous cacher le nom de l’amant de Psyché,
Quand vous voyez que l’amour qui l’anime
À chercher à lui plaire est sans cesse attaché.
Tout ce qui peut charmer les yeux & les oreilles,
Se prodigue pour elle en ces aimables lieux,
Et jamais…

Aglaure.

Et jamais…Oui, ce sont merveilles sur merveilles ;
Mais notre sexe est curieux.
C’est peu pour nous de voir des fêtes ordonnées
Avec un éclat sans pareil.
On compte à rien leur superbe appareil,
Si l’on ne sait par qui ces fêtes sont données.
Que prétend un amant tant qu’il est inconnu ?