Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/469

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Cécile.

Sur un avis donné…

Le Comte.

Sur un avis donné…L’avis m’est favorable ;
Mais comme l’amitié vous rend si charitable,
Depuis quand, & sur quoi vous croyez-vous permis
De penser que le temps ait pû nous rendre amis ?
Est-ce que l’on m’a vû, par d’indignes foiblesses,
Aimer les lâchetés, appuyer des bassesses,
Et prendre le parti de ces Hommes sans foi,
Qui de l’art de trahir font leur unique emploi ?

Cécile.

Je souffre par raison un discours qui m’outrage ;
Mais, réduit à céder, au moins j’ai l’avantage
Que la reine craignant les plus grands attentats,
Vous traite de coupable, & ne m’accuse pas.

Le Comte.

Je sai que contre moi vous animez la reine,
Peut-être à la séduire aurez-vous quelque peine ;
Et quand j’aurai parlé, tel qui noircit ma foi,
Pour obtenir sa grace aura besoin de moi.

Cécile seul.

Agissons, il est temps, c’est trop faire l’esclave,
Perdons un orgueilleux dont le mépris nous brave,
Et ne balançons plus, puisqu’il faut éclater,
À prévenir le coup qu’il cherche à nous porter.