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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/514

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Et de l’injure faite à ma gloire, à l’état,
D’autre sang, mais plus vil, expiera l’attentat.

Cécile.

Cette perte pour vous sera d’abord amere ;
Mais vous verrez bien-tôt qu’elle étoit nécessaire.

Élisabeth.

Qu’elle étoit nécessaire ! Ôtez-vous de mes yeux,
Lâche, dont j’ai trop crû l’avis pernicieux.
La douleur où je suis ne peut plus se contraindre.
Le comte par sa mort vous laisse tour à craindre ;
Tremblez pour votre sang, si l’on répand le sien.

Cécile.

Ayant fait mon devoir, je puis ne craindre rien,
Madame ; & quand le temps vous aura fait connoître
Qu’en punissant le comte, on n’a puni qu’un traître,
Qu’un sujet infidéle…

Élisabeth.

Qu’un sujet infidéle…Il l’étoit moins que toi,
Qui t’armant contre lui, t’es armé contre moi.
J’ouvre trop tard les yeux pour voir ton entreprise ;
Tu m’as par tes conseils honteusement surprise,
Tu m’en feras raison.

Cécile.

Tu m’en feras raison.Ces violens éclats…

Élisabeth.

Va, sors de ma présence, & ne replique pas.



Scène V.

ÉLISABETH, LA DUCHESSE.
Élisabeth.

Duchesse, on m’a trompée, & mon ame interdite
Veut en vain s’affranchir de l’horreur qui l’agite.
Ce que je viens d’entendre explique mon malheur.
Ces témoins écoutés avec tant de chaleur,