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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/515

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L’arrêt si-tôt rendu, cette peine si prompte,
Tout m’apprend, me fait voir l’innocence du comte ;
Et pour joindre à mes maux un tourment infini,
Peut-être je l’apprens après qu’il est puni.
Durs, mais trop vains remords ! Pour commencer ma peine,
Traitez-moi de rivale, & croyez votre haine,
Condamnez, détestez ma barbare rigueur,
Par mon aveugle amour je vous coûte son cœur ;
Et mes jaloux transports favorisant l’envie,
Peut-être encor, hélas, vous coûteront sa vie.



Scène VI.

ÉLISABETH, LA DUCHESSE, TILNEY.
Élisabeth.

Quoi, déjà de retour ! As-tu tout arrêté ?
A-t-on reçu mon ordre ? Est-il exécuté ?

Tilney.

Madame…

Eliabeth.

Madame…Tes regards augmentent mes alarmes.
Qu’est-ce donc ? Qu’a-t-on fait ?

Tilney.

Qu’est-ce donc ? Qu’a-t-on fait ?Jugez-en par mes larmes.

Élisabeth.

Par tes larmes ! Je crains le plus grand des malheurs,
Ma flamme t’est connue, & tu verses des pleurs !
Aurait-on, quand l’amour veut que le comte obtienne…
Ne m’apprends point sa mort, si tu ne veux la mienne.
Mais d’une âme égarée inutile transport !
C’en sera fait, sans doute.