Et qu’il est malaisé que ce honteux appas
lui coûte une foiblesse, et qu’il n’en souffre pas !
C’est peu que mon chagrin me fasse voir sans cesse,
Que j’assassine un Fils, accable une Maîtresse,
Polixène elle-même, à qui j’immole tout
Met ma flamme en désordre, et ma constance à bout.
A toute heure, en tous lieux, je l’entends qui s’écrie,
Songe songe Tyran quelle est ta barbarie,
Abusant du pouvoir qu’on te donne sur moi,
Tu m’arraches un cœur qui ne peut être à toi.
Tant que Pyrrhus vivra, quoique tu te proposes,
Ce cœur sera le prix des maux que tu lui causes,
Et mon dernier soupir, pour flatter son ennui,
Sera pour toi d’horreur, et de pitié pour lui.
Si de ses vœux contraints vous vous faites un crime,
Il est, il est, Seigneur, encor temps…
Non, Alcime ;
J’ai beau voir quels malheurs en peuvent arriver,
J’adore Polixène, et ne puis m’en priver.
C’est mon destin. J’en suis le décret immuable.
Les Dieux m’ont fait un corps au fer impénétrable,
Aucun dards, aucun traits ne le peuvent percer,
Falloit-il que mon cœur fut facile à blesser,
Et qu’à mes passions mon âme abandonnée,
Par leurs moindres efforts fut toujours entraînée.
Elle peut s’apprêter à de nouveaux combats,
Polixène paroît, Seigneur.
Qu’elle a d’appas !