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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/72

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Rien n’est à consulter lors qu’Achille menace.

PYRRHUS

Quoi, Priam sans pitié consent à ma disgrâce,
Et je vois approcher l’épouvantable instant…
Madame.

POLIXÈNE

Cachez-moi le destin qui m’attend,
Je m’y pers. Quelques maux où vous soyez plongée,
Si je les ai causés, vous êtes bien vengée.
Madame, je ne sais si vous le concevez.
Mais les mortels ennuis qui me sont réservés,
Pyrrhus qui de mon cœur contre Achille dispose…
Pyrrhus… J’en dis trop, Prince, et vous en êtes cause.
Vous pour qui malgré moi je m’arrête en ce lieu,
Oubliez-le, de grâce, et pour jamais, adieu.


Scène IV


Pyrrhus, Briseis, Phénice.

PYRRHUS

Enfin, Madame, il faut renoncer à la vie,
C’en est fait, à mes vœux Polixène est ravie,
Et dans les bras d’un autre, un sort plein de rigueur,
Met l’objet adorable à qui je dois mon cœur.
Vous m’aviez assuré qu’en faisant rendre Hélène
Vous feriez à ma flamme accorder Polixène,
Hélène des Troyens suit l’ordre rigoureux,
On la rend, et pourtant je ne suis pas heureux.

BRISEIS

De votre amour trompé jetez sur moi l’injure,
Joignez-en le reproche aux peines que j’endure,
Mon cœur qui se vantoit d’un absolu pouvoir
Ne vous peut consoler que par son désespoir.