Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/74

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Que pour peu que le Ciel tarde à le secourir,
Achille est en danger lui même de périr.

BRISEIS

De périr !

PYRRHUS

Dieux ! Achille…

BRISEIS

Il y va de sa vie.

PYRRHUS

Adieu, Madame.

BRISEIS

Allez où l’honneur vous convie,
Achille est en péril, courez l’en garantir.


Scène VI


Briseis, Phénice.

PHENICE

Voilà comme l’amour ne se peut démentir.
Son crime tout à l’heure armoit votre colère
Jusqu’à trouver sa mort une peine légère,
Et votre impatience implore du secours
Dés le moindre péril qui menace ses jours.

BRISEIS

Que veux-tu ? si mon cœur accablé de l’offense
N’a rien vu de plus doux pour moi que la vengeance,
De deux maux à souffrir pires que le trépas
On préfère toujours celui qu’on ne sent pas.
Ainsi sa trahison m’a fait vouloir sa perte ;
Mais lorsqu’à mes regards l’image en est offerte,
Que je vois le coup prêt, tu dois peu t’étonner
Si ce que j’ai voulu commence à me gêner.
Malgré ce qu’il a fait, je suis toujours la même,
Et ne le haïssant que parce que je l’aime,