Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/75

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Quand mon amour obtient ce qui le va trahir,
J’ai bientôt oublié que je le dois haïr.
La pitié seule alors me paroît légitime,
Je vois le châtiment, et ne vois plus le crime,
Et craignant son trépas, je songe seulement
Qu’on me donne à trembler pour les jours d’un Amant.

PHENICE

Mais d’où vient que Pâris vous est si redoutable ?
Que craindre pour Achille ? il est invulnérable,
Et par un privilège et noble et glorieux…

BRISEIS

Je ne m’assure point sur ce qu’ont fait les Dieux,
Pâris suit contre Achille une fureur extrême,
Et pour craindre sa perte il suffit que je l’aime.


Scène VII


Briseis, Alcime, Phénice.

BRISEIS

Pyrrhus est-il au temple, et le ciel adouci…

ALCIME

J’ai rencontré Pyrrhus à trente pas d’ici.
Sur le bruit du tumulte il couroit vers Achille ;
Mais les Dieux ont rendu son secours inutile,
Et tandis que pressé du plus sensible ennui,
Il est d’Agamemnon allé chercher l’appui,
Il a voulu qu’ici je vinsse vous apprendre
Les malheurs que sur nous le Ciel vient de répandre,
Achille qu’on croyoit être au dessus du sort,
Achille…

BRISEIS

Et bien Achille ?