Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/90

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Pour la premiere fois, si je ne vous dis rien…

D. Fernand.

Vous en dites assez, & cela va fort bien.
Embrassez-moi. Ma fille, allons qu’on se déméne,
Saluez votre époux.

D. Pascal.

Saluez votre époux.A-t-elle la migraine ?
Je lui vois certain air renfrogné, sérieux.

Isabelle.

Qu’il est sot, Béatrix !

Béatrix.

Qu’il est sot, Béatrix !S’il l’est déjà, tant mieux,
C’est pour vous, au besoin, de la peine épargnée.

D. Pascal.

Beau-pere, seriez-vous pour l’humeur refrognée ?
Elle n’est nullement de mon goût.

D. Fernand.

Elle n’est nullement de mon goût.Ni du mien.

D. Pascal.

Allons, ma belle, allons, gaiement, tout ira bien.
Puisque vous me voyez, tâchez de mettre à l’ombre
La nébulosité de ce visage sombre ;
Riez, goguenardez, & vivons sans façon.
Quant à moi, je suis gai toujours comme un pinson,
Cent jovialités me sont partout de mise ;
Et si le mariage ôtoit la gaillardise,
Plûtôt que ne pas rire, & danser, & sauter,
Je ferois vœu cent fois de m’encélibater.
Le mot est-il de Cour ? M’encélibater ! Peste,
Qu’il est long !

D. Fernand.

Qu’il est long !Les plus fins auroient par vous leur reste…
Quel éveillé !

D. Pascal.

Quel éveillé !J’ai cru qu’il eût été trop plat
De dire simplement, suivre le célibat.
J’aime le style haut. Enfin à la bonne heure,
Vous riez. Elle en est plus aimable, ou je meure.