Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/326

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groupes de commandos fut étendu par la Gestapo aux parachutistes. Un autre ordre, enfin, interdisant à la Police d’intervenir dans les attaques dont les aviateurs alliés obligés d’atterrir étaient l’objet de la part de la population, fut signé par Kaltenbrunner lui-même. En décembre 1944, Kaltenbrunner participa à l’organisation de l’assassinat d’un général français prisonnier de guerre.

Pendant la période où Kaltenbrunner fut chef du RSHA, la Gestapo et le SD continuèrent à maltraiter et à exterminer la population des territoires occupés, à utiliser des méthodes telles que la torture et l’internement dans les camps de concentration ; ils agissaient en général en vertu d’ordres sur lesquels était apposé le nom de Kaltenbrunner.

La Gestapo était responsable de l’application de la discipline rigide à laquelle furent soumis les travailleurs forcés et une série de camps de représailles furent créés à cet effet par Kaltenbrunner. Quand les SS entreprirent la réalisation pour leur compte d’un programme de travail forcé, elles utilisèrent la Gestapo pour obtenir les travailleurs dont elles avaient besoin et firent envoyer ceux-ci dans des camps de concentration.

Le RSHA joua un rôle capital dans la réalisation de la « solution définitive » de la question juive, qui n’était autre chose que l’extermination des Juifs. Une section spéciale, placée sous l’autorité de l’Amt IV du RSHA fut créée pour faire exécuter ce programme. Sous sa direction, six millions de Juifs environ furent tués, dont deux millions par les Einsatzgruppen et par les autres unités de la Police de sûreté. Kaltenbrunner, lorsqu’il était chef de la Police et des SS, connaissait l’activité particulière de ces Einsatzgruppen qui continuèrent d’opérer quand il fut devenu chef du RSHA.

L’assassinat de près de quatre millions de Juifs dans les camps de concentration a déjà été décrit. Le RSHA, sous la direction de Kaltenbrunner, contrôlait l’exécution de cette partie du programme : des groupes spéciaux parcoururent les territoires occupés et les pays satellites de l’Axe, afin d’y rechercher des Juifs et de les déporter vers les lieux où ils étaient exterminés. Kaltenbrunner était au courant de ces actions criminelles. Dans une lettre écrite par lui le 30 juin 1944, il décrivait l’embarquement de douze mille Juifs pour Vienne et il ordonnait que « tous ceux qui étaient incapables de travailler soient tenus prêts pour une « action spéciale », ce qui voulait dire leur extermination.

Kaltenbrunner a nié l’authenticité de sa signature au bas de cette lettre, ainsi qu’il l’a fait à l’occasion de nombreux ordres portant sa signature, tapée à la machine ou imprimée à l’aide d’un tampon, et d’autres ordres moins nombreux signés à la main. Il est inconcevable qu’à l’occasion de questions d’une telle gravité sa signature ait pu apparaître si souvent sans son autorisation.