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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/175

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DE SIAM. Livre III.

qui marque une Providence particuliére de Dieu sur nôtre voyage, c’est que le ſoir même qu’on vit l’entrée du détroit de la Sonde, nous apperçûmes la Maligne, que les mauvais tems, dont j’ay déja parlé, avoient ſéparé de nous, la nuit du vingt-quatriéme au vingt-cinquième de Juin, & que nous n’avions pas revûë depuis. Quoyque Monſieur l’Ambaſſadeur crût, avec pluſieurs autres, que c’étoit-là la Frégatte, nous ne pûmes en être aſſurez, parce qu’il étoit déja tard, & que le tems étoit obſcur. On ne la reconnut que huit jours aprés à la rade de Bantam, où nous la rejoignîmes. Les Pilotes qui la montoient, ayant vû le détroit de bonne heure, donnèrent dedans, & ſe ſervant du vent favorable, ils arrivèrent au moüillage. Mais comme on paſſe ordinairement le détroit de la Sonde, entre l’Iſle du Prince & celle de Sumatra, le plus prés que l’on peut de l’Iſle du Prince, & que la nuit nous avoit empêché de la bien reconnoître ; nous fûmes obligez de revirer de bord & de prendre le large durant la nuit. Ainſi ne pouvant nous ſervir du beau tems que nous avions alors, à la faveur duquel nous euſſions aiſément paſſé l’Iſle du Prince, nous deſcendîmes trop bas, & nous demeurâmes le reſte de la ſemaine dans le

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