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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/176

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VOYAGE

détroit, qui n’a guere plus de trente lieuës de long, à combattre contre les courans & contre les vents contraires. Un de nos Pilotes nous aſſûra que le Soleil d’Orient, ſur lequel il étoit, en allant aux Indes, fut trois ſemaines entières, ſans pouvoir avancer, & qu’on fut obligé de le remorquer avec des Chaloupes juſques à Bantam.

Nous entrâmes donc dans le détroit de la Sonde trois jours aprés avoir reconnu la terre de Java. Mais comme l’Iſle du Prince eſt ſituée à l’entrée du détroit entre Java & Sumatra, & la divise en deux ; nous entrâmes par la Paſſe[1] la plus Septentrionale, qui eſt la plus grande et la plus ſûre entre l’Iſle du Prince & Sumatra. Nous fîmes pluſieurs bordées pour doubler l’Iſle de Cacatoüa (ainſi appellée à cauſe des Perroquets blancs qui ſe trouvent dans cette Iſle, & qui en répetent ſans ceſſe le nom) on fit, dis-je, tout ce qu’on pût pour doubler l’Iſle de Cacatoüa qui eſt aſſez prés de Sumatra, afin de gagner enſuite la terre de Java : mais nos efforts furent inutiles ; parce que les vents étoient trop foibles, & les courans trop forts au milieu du Canal. Ce qui cauſe ces courans, c’eſt que l’eau qui eſt entrée par le détroit depuis pluſieurs mois, pouſſée par les vents de Sud & de Sud-Oüeſt, qui

  1. La paſſe eſt un paſſage étroit.