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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/244

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VOYAGE

paroiſſoit, jugea que ceux qui le montoient n’avoient nul mauvais deſſein. Il ſe contenta de leur faire tirer vingt cinq à trente coups de mouſquet, pour leur apprendre à être une autre fois ſur leurs gardes. Ainſi ce Navire ayant abbatu quelque partie du couronnement de nôtre Vaiſſeau avec ſon maſt de beaupré, ſe détacha de luy-même, ſans qu’aucun matelot euſt parû dedans.

On raiſonna bien diverſement ſur cette avanture. Les plus ſenſez furent du ſentiment de Monſieur l’Ambaſſadeur, qui attribuoit cela auſſi bien que Monſieur de Vaudricourt à une méchante manœuvre. En effet ſi ce Vaiſſeau avoit eu quelque mauvais deſſein, il n’auroit pas manqué, en nous abordant, de nous tirer ſon canon, & de faire une décharge de ſa mouſqueterie. Nous ſçumes à Siam, des Hollandois qui étoient partis aprés nous de Batavia, que c’étoit un de leurs Vaiſſeaux qui venoit de Palimbam, ou tout le monde étoit yvre ou endormi.

Le Détroit de Banka eſt difficile à paſſer, à cauſe du peu d’eau qu’on y trouve.

Comme le vent étoit bon, nous continuâmes nôtre route, ſans que cette rencontre nous détournât d’un moment. Nous ne mîmes guére à nous trouver à l’entrée du Détroit de Banka, formé par une Iſle de ce nom, & par l’Iſle deSumatra. Les bancs &