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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/245

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DE SIAM. Livre III.

les bas-fonds, qui ſe trouvent à l’entrée de ce Détroit, en rendent le paſſage difficile à ceux qui ne le connoiſſent pas. Quoyque nous euſſions un Pilote Hollandois fort habile, qui avoit déja paſſé pluſieurs fois par ce détroit, & qu’on eût continuellement la Sonde à la main, nôtre Navire ne laiſſa pas d’échoüer auſſi bien que la Frégatte ; mais le fond étant vazeux, il n’y avoit aucun danger, & nous en fûmes quittes pour nous thoüer ſur nos Ancres, c’eſt-à-dire, que nous portâmes dans un lieu éloigné & aſſez profond un Ancre, auquel l’on avoit attaché un cable fort long, & à force de bras l’on tira le Vaiſſeau vers le lieu où on avoit laiſſé tomber l’Ancre.

Le vent continuant à nous être favorable, nous repaſſâmes bien-tôt la Ligne. Les chaleurs nous ont paru bien plus grandes en cet endroit environné de terres, que quand nous la paſſâmes la premiere fois en haute mer, avant que d’arriver au Cap. Les calmes n’y ſont pas si à craindre à cauſe des vents qui y régnent ordinairement & qui viennent tantôt de terre & tantôt du large. Le vray moyen de naviger ſûrement dans ces Mers calmes & tranquilles comme des Eſtangs, c’eſt d’aller toûjours terre, à terre à douze, quinze ou vingt braſſes d’eau, ſans quitter les