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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/246

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VOYAGE

côtes de vûë, comme nous fîmes. En preant cette précaution, on a toûjours la commodité de moüiller quand on veut, ce qu’on eſt obligé de faire à tout moment, à cauſe des courans qui éntraînent contre terre, & de certains vents forcez qui accompagnent ordinairement les gros orages qui ſe forment sur l’Iſle de Sumatra. Les Marins les appellent Saumatres. Quelques jours aprés nôtre départ de Batavia, nous fûmes ſurpris tout d’un coup d’un de ces gros vents qui nous fit grand peur, parce que nous portions alors toutes nos Voiles : mais la diligence que l’on fit pour les amener, nous tira d’affaire.

Le cinquiéme d’Octobre nous commençâmes à découvrir les terres d’Aſie, & la prémiére que nous vîmes fut la pointe de Malaça. Nous ſentîmes tous une joye ſecrette de voir ces lieux arroſez des ſueurs de Saint François Xavier, & de nous trouver dans ces Mers ſi fameuſes par ses navigations & par ses miracles. On invoquoit publiquement chaque jour le ſecours de ce grand Saint dans nôtre bord, aprés les Litanies de la Vierge. Nous rangeâmes enſuite les côtes de Johor, de Patane & de Pahan, dont les Rois ſont tributaires du Roy de Siam ; mais les Hollandois ont tout le commerce de ces Royaumes.

Le