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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/424

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VOYAGE

baſſadeur voulant apprendre des nouvelles d’Europe, dépêcha vers le Capitaine Monſieur de Cibois avec ſon Secrétaire, qui parloit fort bon Anglois. Ils rapportèrent que ce Vaiſſeau étoit parti d’Angleterre depuis cinq mois, & qu’il alloit droit au Tunquin ſans toucher nulle part, que tout étoit tranquille en Europe ; que le Roy d’Angleterre avoit défait les Rebelles, & pris priſonnier le Duc de Montmouth, qui les commandoit ; que son procez luy ayant eſté fait, on luy avoit coupé la teſte, ſelon l’Arreſt qui en avoit eſté porté ; que pluſieurs de ſes complices avoient ſubi le même châtiment, quoy que d’autres euſſent éprouvé la clemence de ſa Majeſté Britannique.

Ces nouvelles nous furent tres-agréables, & particulierement celle qu’il nous dit, que la terre du Cap avoit paru la veille ſur le ſoir à ſept lieuës de diſtance. Alors nous vîmes que nous étions bien plus proche qu’on ne penſoit, & dés le lendemain en ſondant l’on ſe trouva le matin vers les ſept heures ſur le banc des Aiguilles à 90 braſſes, & ſur le midy on découvrit le Cap des Aiguilles. Le vent étoit alors favorable, on s’en ſervit toute la nuit, ce qui fit que le lendemain on