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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/426

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VOYAGE

Ayant ſceu que je devois revenir aux Indes avec pluſieurs autres Jéſuites, il ajoûta fort obligeament que tout ſeroit preſt à nôtre arrivée, & il m’invita par avance & tous mes compagnons à nous y venir délaſſer. Aprés toutes ces honneſtetez, il me fit preſent de quatre belles peaux de tigres & d’un petit animal privé qu’il avoit pris dans ſon dernier voyage. Il reſſembloit par ſon poil & par ſa grandeur à un Ecureüil, & en avoit preſque la figure. En me le donnant il me fit entendre, que c’étoit l’ennemi implacable des Serpens, & qu’il leur faiſoit une cruelle guerre.

C’étoit le temps des Vandanges ; mais elles étoient déja fort avancées, nous mangeâmes du raiſin de l’Afrique qui a un merveilleux gouſt, & qui y vient en abondance. Le vin blanc est fort délicat, & ſi les Hollandois ſçavoient auſſi bien cultiver les Vignes, qu’ils ſont habiles à faire des Colonies & à entretenir le commerce, on y auroit des vins excellens d’autre couleur.

Le Gouverneur me dit qu’il venoit de faire un grand voyage dans les terres vers le Nord, où il avoit découvert beaucoup de Nations qui ont quelque forme de Gouvernement & de Police bien reglée, ainſi