Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
DE SIAM. Livre I.

plaiſir à favoriſer une navigation entrepriſe pour le ſujet de la Réligion, dans un têms où les plus expérimentez Officiers de la Marine, jugeoient que nous avions manqué de trois ſemaines entieres la Saiſon propre pour partir. Nous eûmes d’abord un vent arriére ſi violent, qu’avec une ſeule voile nous faiſions plus de ſoixante lieuës en vingt-quatre heures. Ainſi nous doublâmes ſans aucune riſque les Caps d’Ouëſſan & de Finis-terre, ſi redoutez de nos Navigateurs, à cauſe des fréquentes tempeſtes qui s’élevent en ces endroits. Il eſt vray que nous y trouvâmes les mers extrêmement groſſes.

Quand on eſt à la Cape on ne ſe ſert que de la grand’Voile, & le Vaiſſeau eſt porté de côté, afin de faire peu de chemin.

Le Jeudy huitième, nous vîmes à la hauteur du Cap de Finis-terre, une Pinaſſe Hollandoiſe, qui tenoit la route de la manche d’Angleterre, & qui avoit eſté contrainte de mettre à la Cape, c’eſt-à-dire de se laiſſer aller au gré des vents qu’elle avoit contraires. Nos Pilotes auſſi-bien que nos Officiers, nous aſſeurérent qu’on étoit ſouvent plus de trois ſemaines ſans pouvoir doubler ce Cap.

Ceux qui ont été ſur mer ſçavent aſſez, combien eſt grande l’incommodité qu’on a coûtume de ſouffrir, la prémière fois qu’on trouve une groſſe mer ; mais il eſt

D ij