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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/65

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DE SIAM. Livre I.

entendu dans ces endroits-là ces gros tonnerres dont on nous avoit ſi fort menacé en France. Mais nous avons vû quantité d’éclairs ſur tout la nuit, & ſi fréquens que le Ciel & la Mer paroiſſoient tout en feu.

Comme les calmes & les chaleurs ne nous ont pas fort incommodez dans ces climats ; nous n’avons eu que tres-peu de malades, & dans toute la traverſée de Breſt au Cap de Bonne Eſperance, nous n’avons perdu qu’un homme ; encore s’étoit-il embarqué, ſans qu’on en ſçût rien, avec un flux de ſang dont il eſt mort.

Protection particuliére Dieu ſur tous ceux du Voyage.

Nous avons ſans doute bien des actions de graces à rendre à Dieu, de ce qu’il nous donna un ſi beau tems aux environs de la ligne : car ſi nous y euſſions été arrêtez par les calmes autant de tems qu’on eſt ſouvent obligé d’y demeurer, l’eau, le pain & les viandes ſe ſeroient bien-tôt corrompuës & auroient causé de grandes maladies, qui infailliblement nous auroient emporté beaucoup de monde : comme il arriva cette année à un Vaiſſeau Hollandois. Ce Navire étoit parti d’Europe plus de deux mois avant nous & cependant il nous trouva moüillez à Batavia ; où nous apprîmes que les gens qui é-

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