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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/68

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VOYAGE

ſont toûjours mêlez de tonnerres & d’éclairs : mais comme ils venoient de l’arriére, ils nous incommodèrent peu, & nous firent faire beaucoup de chemin. Dans l’une de ces Travades parurent deux diverſes fois sur les mats, sur les vergues, & ſur le canon de nôtre Navire, de ces petits feux de figure piramidale, que les Portugais appellent le feu de ſaint Telme & non pas saint Helme. Quelques Matelots les regardent comme l’ame du Saint de ce nom, qu’ils invoquent alors de toutes leurs forces, les mains jointes & avec beaucoup d’autres marques de respect. Il s’en trouve même parmy eux qui les prennent pour des assûrances infaillibles que la tempête va bien-tôt ceſſer, ſans leur cauſer de dommage. Ce ſont ces mêmes feux que les Payens adoroient autrefois ſous le nom de Caſtor & de Pollux ; & il est ſurprenant que cette ſuperstition ſe ſoit ainsi introduite parmy les Chrétiens.

Le douzième de Mars nous découvrîmes à midy ou environ un de ces Phénomenes appellé œil de bœuf ou œil de bouc à cauſe de ſa figure. On les regarde ordinairement ſur Mer comme un préſage aſſuré de quelque orage. C’eſt un gros nuage rond opposé au Soleil & éloigné

d’environ