Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/170

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composait de huit légions. Trois légions occupaient l’Espagne, dont on n’avait que depuis peu achevé la conquête. Juba régnait sur la Mauritanie, présent du peuple romain. Le reste de l’Afrique était gardé par deux légions, l’Égypte par deux autres ; quatre suffisaient pour tenir en respect les vastes contrées qui, à partir de la Syrie, s’étendent jusqu’à l’Euphrate et confinent à l’Albanie, à l’Ibérie6, et à d’autres royaumes dont la grandeur romaine protège l’indépendance. La Thrace était sous les lois de Rhémétalcès et des enfants de Cotys. Deux légions en Pannonie, deux en Mésie, défendaient la rive du Danube. Deux autres, placées en Dalmatie, se trouvaient, par la position de cette province, en seconde ligne des précédentes, et assez près de l’Italie pour voler à son secours dans un danger soudain. Rome avait d’ailleurs ses troupes particulières, trois cohortes urbaines et neuf prétoriennes, levées en général dans l’Étrurie, l’Ombrie, le vieux Latium, et dans les plus anciennes colonies romaines. Il faut ajouter les flottes alliées, les ailes et les cohortes auxiliaires, distribuées selon le besoin et la convenance des provinces. Ces forces étaient presque égales aux premières ; mais le détail en serait incertain, puisque, suivant les circonstances, elles passaient d’un lieu dans un autre, augmentaient ou diminuaient de nombre.

4. sur la mer Tyrrhénienne, prés de Naples.
5. Sur L’Adriatique
6. L’Albanie s’étend au levant de l’Ibérie, le long de la mer Caspienne, jusqu’au Cyrus ou Kur. Les Turcs l’appellent Daghistan, ou pays de montagnes.

L’administration

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Il sera bon de jeter aussi un regard sur les autres parties de l’administration, et de voir quels principes les dirigèrent, jusqu’à l’année qui apporta dans le gouvernement de Tibère un funeste changement. Et d’abord les affaires publiques et les plus importantes des affaires particulières se traitaient dans le sénat. Les principaux de cet ordre discutaient librement, et, s’ils tombaient dans la flatterie, le prince était le premier à les arrêter. Dans la distribution des honneurs, il avait égard à la noblesse des aïeux, à la gloire militaire, à l’éclat des talents civils. On convenait généralement qu’il n’aurait pu faire de meilleurs choix. Les consuls, les préteurs, conservaient l’extérieur de leur dignité ; les magistrats subalternes exerçaient sans obstacle l’autorité de leurs charges. Les lois, si l’on excepte celle de majesté, étaient sagement appliquées. Les blés de la république, les impôts et les autres revenus de l’État étaient affermés à des compagnies de chevaliers romains. Quant à ses intérêts privés, le prince en chargeait les hommes les