Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/177

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t de la puissance paternelle, dont le flamine de Jupiter et sa femme étaient affranchis. Il était d’avis qu’on adoucît par un sénatus-consulte la rigueur de l’usage, ainsi qu’Auguste avait accommodé aux nouvelles mœurs plusieurs institutions d’une sévérité trop antique. Ce point de religion soigneusement éclairci, on résolut de ne rien innover à l’égard du flamine lui-même ; mais une loi ordonna que l’épouse du flamine serait sous la puissance de son mari pour ce qui regarde le culte de Jupiter, et, que, pour le reste, elle demeurerait soumise au droit commun des femmes. Le fils de Malugnensis fut substitué à son père. Afin de relever la dignité des sacerdoces et d’exciter pour le service des autels plus de zèle et d’empressement, on assigna deux millions de sesterces à la vestale Cornélie, élue pour remplacer Scantia ; et il fut décidé que désormais Augusta s’assoirait parmi les vestales, toutes les fois qu’elle irait au théâtre.

13. La confarréation était un acte religieux, que l’on accomplissait en présence de dix témoins et avec des paroles solennelles. On offrait un sacrifice où l’on employait un gâteau fait avec l’espèce de blé nommée far. La confarréation rendait l’union de l’homme et de la femme indissoluble, et le divorce impossible.

Affaires intérieures

Tibère jaloux de Néron et Drusus, les enfants de Germanicus

17

Sous le consulat de Cornélius Céthégus et de Visellius Varro, les pontifes, et à leur exemple les autres prêtres, offrant des vœux pour le prince, recommandèrent aux mêmes dieux Néron et Drusus, moins par tendresse pour eux que par esprit de flatterie ; et, dans un État corrompu l’absence et l’excès de la flatterie sont également dangereux. Tibère n’avait jamais aimé la famille de Germanicus ; mais voir honorer des enfants à l’égal de sa vieillesse lui causa un dépit dont il ne fut pas maître. Il fit venir les pontifes et leur demanda si c’était aux prières ou aux menaces d’Agrippine qu’ils avaient accordé ce triomphe. Ils s’en défendirent ; et cependant ils furent censurés, mais avec ménagement, car ils étaient tous les parents de l’empereur ou les premiers de Rome. Au reste, dans un discours au sénat, le prince recommanda pour l’avenir de ne point enorgueillir par des honneurs prématurés de jeunes et mobiles esprits. Séjan animait sa colère. Il lui montrait la république divisée comme par une guerre civile ; le nom de parti d’Agrippine prononcé par des hommes qui se vantaient d’en être. "Et ce parti grossira si on ne l’étouffe ; le seul moyen d’arrêter les progrès de la discorde est de frapper une ou deux des têtes les plus séditieuses."

Procès contre C. Silius

18

Il dirigea ses attaques contre C. Silius et Titius Sabinus. L’amitié de Germanicus leur fut fatale à tous deux, et ce n’était pas le seul crime de Silius. Il avait commandé sept ans une puissante armée, mérité en Germanie les ornements du triomphe, vaincu le rebelle Sacrovir. C’était une grande