Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/272

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avertit ses prêtres, pendant leur sommeil, de tenir auprès du temple des chevaux équipés pour la chasse. Sitôt qu’on a mis sur ces chevaux des carquois garnis de flèches, ils se répandent dans les bois, et à l’entrée de la nuit ils reviennent tout hors d’haleine, rapportant les carquois vides. Le dieu, par une nouvelle apparition nocturne, indique les chemins qu’il a parcourus dans la forêt, et l’on y trouve les animaux étendus de côté et d’autre.

Gotarzès contre Méherdate

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Au reste Gotarzès, dont l’armée n’était pas encore assez nombreuse, se couvrait du fleuve Corma comme d’un rempart. Là, malgré les insultes et les défis par lesquels on le provoquait au combat, il temporisait, changeait de positions, envoyait des corrupteurs acheter la trahison dans les rangs ennemis. Bientôt Izatès, et ensuite Acbare, se retirèrent avec les Adiabéniens et les Arabes : telle est l’inconstance de ces peuples ; et l’expérience a prouvé d’ailleurs que les barbares aiment à nous demander des rois bien plus qu’à les garder. Méherdate, privé de si puissants auxiliaires et craignant la défection des autres, prit le seul parti qui lui restât, celui de s’en remettre à la fortune et de hasarder une bataille. Gotarzès, enhardi par l’affaiblissement de l’ennemi, ne la refusa point. Le choc fut sanglant et le succès douteux, jusqu’au moment où Carrhène, ayant renversé tout ce qui était devant lui, se laissa emporter trop loin et fut enveloppé par des troupes fraîches. Alors tout fut désespéré ; et Méherdate, s’étant fié aux promesses de Parrhace, client de son père, fut enchaîné par cet ami perfide, et livré au vainqueur. Celui-ci, après l’avoir désavoué pour son parent, pour un Arsacide, et traité d’étranger et de Romain, lui fait couper les oreilles et le laisse vivre pour être un monument de sa clémence et de notre honte. Gotarzès mourut ensuite de maladie, et Vonon, alors gouverneur des Mèdes, fut appelé au trône. Ni prospérités ni revers n’ont rendu célèbre le nom de ce nouveau roi. Son règne fut court et sans gloire, et la couronne des Parthes fut donnée après lui à son fils Vologèse.

Mithridate

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Mithridate, roi détrôné du Bosphore, errait de pays en pays, lorsqu’il sut que le général romain Didius était absent avec l’élite de son armée, et qu’il ne restait pour garder le Bosphore que le nouveau roi Cotys, jeune homme sans expérience, et un petit nombre de cohortes commandées par un simple chevalier romain, Julius Aquila. Plein de mépris pour ces deux clefs, Mithridate appelle aux armes les nations voisines, attire