Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/279

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ils ne troublassent aussi la paix de notre empire. Car une multitude innombrable de Lygiens12 accourait avec d’autres nations, attirées par le bruit des trésors que Vannius, pendant trente ans d’exactions, avait accumulés dans ce royaume. Vannius, avec l’infanterie qu’il avait à lui et la cavalerie que lui fournissaient les Sarmates Iazyges13, était faible contre tant d’ennemis. Aussi résolut-il de se défendre dans ses places et de traîner la guerre en longueur.

12. Les Lygiens habitaient sur la Vistule.
13. Au nord des Palus-Méotides, entre le Tanaïs et le Borysthène.

Mais les Sarmates ne pouvaient souffrir l’ennui d’être assiégés. En courant les campagnes voisines, ils attirèrent de ce côté les Lygiens et les Hermondures, et le combat-devint inévitable. Vannius quitte ses forteresses et perd une bataille, revers qui lui valut au moins l’éloge d’avoir payé de sa personne et reçu d’honorables blessures. Il gagna la flotte qui l’attendait sur le Danube. Bientôt après ses vassaux le suivirent, et reçurent dans la Pannonie des terres et un établissement. Vangion et Sidon se partagèrent le royaume, et nous gardèrent une foi inaltérable ; très-aimés des peuples avant qu’ils fussent leurs maîtres, et (dirai-je par la faute de leur caractère, ou par le malheur de la domination ?) encore plus haïs quand ils le furent devenus.

Désordres en Bretagne : Caractacus

Le préteur Ostorius en Bretagne

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C’est le temps ou le propréteur P. Ostorius arrivait dans la Bretagne, qu’il trouva pleine de troubles. Les ennemis avaient fait sur les terres de nos alliés une incursion d’autant plus furieuse qu’ils ne s’attendaient pas qu’un nouveau général avec une armée inconnue, et déjà en hiver, marcherait contre eux. Ostorius, qui savait combien les premiers événements ôtent ou donnent de confiance, vole avec les cohortes, tue ce qui résiste, poursuit les autres dispersés ; puis, dans la crainte qu’ils ne se rallient, et afin de se prémunir contre une paix hostile et trompeuse qui ne laisserait de repos ni au général ni aux soldats, il s’apprête à désarmer les peuplades suspectes, et à les contenir, par une ligne de postes fortifiés, au delà des rivières d’Auvone et de Sabrine14. La résistance commença par les Icéniens, nation puissante et que les combats n’avaient point mutilée, parce qu’elle avait d’elle-même embrassé notre alliance. Soulevés par eux, les peuples d’alentour choisissent un champ de bataille entouré d’une terrasse rustique, avec une entrée