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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/286

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ses dispositions, au point qu’il prononça contre l’accusateur l’interdiction du feu et de l’eau ; c’est tout ce que Vitellius avait exigé.

19. Germanicus.
20. Agrippine était sœur de Caligula, femme de Claude, mère de Néron.

43

Cette année fut fertile en prodiges. On vit des oiseaux sinistres perchés sur le Capitole. De nombreux tremblements de terre renversèrent des maisons, et, dans le désordre que produisait la crainte de désastres plus étendus, les personnes les plus faibles furent écrasées par la foule. La disette de grains et la famine qu’elle causa furent aussi regardées comme des présages funestes. On ne se borna pas à de secrets murmures. Pendant que Claude rendait la justice, le peuple l’environna tout à coup avec des cris tumultueux. Il fut poussé jusqu’à l’extrémité du Forum, et on l’y pressait vivement, lorsqu’à l’aide d’un gros de soldats il perça cette multitude irritée. C’est un fait certain qu’il ne restait dans Rome que pour quinze jours de vivres, et il fallut la bonté signalée des dieux et un hiver sans orages pour la préserver des derniers malheurs. Étrange vicissitude ! jadis l’Italie envoyait ses productions dans les provinces les plus éloignées : la terre n’est pas plus stérile aujourd’hui ; mais nous cultivons de préférence l’Afrique et l’Égypte, et la vie du peuple romain est abandonnée aux hasards de la mer.

A l’extérieur

Guerre entre les Arméniens et les Ibères

Pharasmane roi d’Ibérie et Mithridate roi d’Arménie

44

La même année, une guerre survenue entre les Arméniens et les Ibères s’étendit aux Romains et aux Parthes, et donna lieu entre eux à de grands mouvements. Vologèse, né d’une concubine grecque, régnait, du consentement de ses frères, sur la nation des Parthes. Pharasmane tenait l’Ibérie de ses ancêtres, et Mithridate, son frère, devait à la protection de Rome le trône d’Arménie. Pharasmane avait un fils nommé Rhadamiste, d’une taille majestueuse, d’une force de corps extraordinaire, habile dans tous les exercices de son pays, et célèbre jusque chez les peuples voisins. Ce jeune homme trouvait que la vieillesse de son père gardait longtemps le petit royaume d’Ibérie, et il le répétait si souvent et d’un ton si animé, qu’on ne pouvait se méprendre sur ses désirs. Pharasmane, craignant pour ses années déjà sur le déclin une ambition jeune, impatiente, et soutenue par l’attachement des peuples, lui offrit un autre appât dans la conquête de l’Arménie. "Lui-même, disait-il, l’avait arrachée aux Parthes et donnée à Mithridate : toutefois il fallait différer l’emploi de la force ; la ruse était plus sûre, et on accablerait Mithridate sans qu’il fût sur ses gardes." Alors Rhadamiste, feignant d’avoir