Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/315

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les veines, aux tourments d’une vieillesse infirme : c’est un courage qu’on n’attendait pas d’un homme dont les mœurs infâmes faisaient mentir son sexe. L. Volusius mourut aussi, mais environné de l’estime publique : une carrière de quatre-vingt-treize ans, de grands biens légitimement acquis, tant de règnes tyranniques traversés sans disgrâce, tel fut le partage de Volusius.

An 57

Rien à signaler

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Peu d’événements mémorables signalèrent l’année où Néron, consul pour la seconde fois, eut L. Pison pour collègue ; à moins qu’on ne veuille employer des volumes à vanter les fondements et la charpente du vaste amphithéâtre que le prince fit construire au Champ-de-Mars. Mais la dignité du peuple romain ne veut dans un livre d’annales que des faits éclatants ; elle laisse ces détails aux journaux de la ville. Les colonies de Capoue et de Nucérie reçurent un renfort de vétérans. Quatre cents sesterces par tête furent distribués au peuple à titre de largesse, et quarante millions furent portés au trésor public, pour assurer le crédit de l’empire. Le vingt-cinquième dû sur les achats d’esclaves fut supprimé, suppression plus apparente que réelle ; car le vendeur, obligé de payer cet impôt, élevait d’autant le prix de la vente. Un édit de César défendit aux magistrats et aux procurateurs de donner dans leurs provinces ni spectacles de gladiateurs, ni combats d’animaux, ni jeux d’aucune espèce. Auparavant, de telles libéralités n’étaient pas moins que leurs rapines un fléau pour les sujets, en mettant sous la protection de la popularité les crimes de l’avarice.

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Un sénatus-consulte, tout ensemble de vengeance et de sécurité, ordonna que, si un maître était tué par ses esclaves, ceux qu’il aurait affranchis par son testament subiraient comme les autres le dernier supplice, s’ils habitaient sous le même toit. On rendit au sénat le consulaire Lucius Varius, condamné autrefois comme concussionnaire. Une femme de la première distinction, Pomponia Grécina, épouse de Plautius, auquel ses exploits en Bretagne avaient mérité l’ovation, fut accusée de se livrer à des superstitions étrangères, et abandonnée au jugement de son mari. Arbitre de la vie et de l’honneur de sa femme, Plautius, d’après l’ancien usage, instruisit son procès devant un conseil de famille, et la déclara innocente. Pomponia vécut longtemps et toujours dans les larmes : car, après que les intrigues de Messaline eurent fait périr Julie, fille de Drusus, pendant quarante ans elle ne porta que des