Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/327

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toute sa vigueur ; qu’on n’avait fait depuis que pourvoir aux moyens d’égaler les recettes aux dépenses ; qu’on réprimât, à la bonne heure, l’avarice des traitants, afin que des charges supportées sans murmure depuis tant d’années ne fussent pas changées, par des rigueurs nouvelles, en d’odieuses vexations."

19. Les douanes, les droits d’entrée et de péage et les taxes sur les consommations.

Le prince ordonna donc par un édit "que les lois qui réglaient chaque impôt, tenues secrètes jusqu’alors, fussent affichées ; que ce qu’on n’aurait pas demandé dans l’année, on ne pût l’exiger plus tard ; qu’à Rome le préteur, et dans les provinces le propréteur ou le proconsul, connussent extraordinairement de toute plainte contre les publicains ; que les soldats conservassent leur immunité, excepté pour les objets dont ils feraient trafic ; " et plusieurs autres dispositions très-sages, qui furent observées quelque temps, ensuite méprisées. Cependant il nous reste encore l’abolition du quarantième et du cinquantième20, et de quelques autres perceptions illégales, inventées sous des noms divers par d’avides exacteurs. On rendit moins onéreux pour les provinces d’outre-mer le transport des blés, et l’on régla que les navires ne seraient pas comptés dans le cens des négociants, ni sujets au tribut.

20. Droits de douane.

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Deux accusés, qui avaient exercé en Afrique le pouvoir proconsulaire, Sulpicius Camérinus et Pomponius Silvanus, furent absous par Néron. Camérinus n’avait pour adversaires qu’un petit nombre de particuliers, qui lui reprochaient des actes de rigueur plutôt que des concussions. Silvanus était assailli par une foule d’accusateurs. Ceux-ci demandaient du temps pour faire venir des témoins ; l’accusé voulait se justifier à l’instant même. Il l’emporta, parce qu’il était riche, sans héritiers, et vieux ; vieillesse qui ne l’empêcha pas de survivre à ceux dont la brigue l’avait sauvé.

A l’extérieur

La Germanie

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Jusqu’à cette époque tout avait été tranquille en Germanie, par la politique de nos généraux, qui, voyant prodiguer les décorations triomphales, espéraient trouver dans le maintien de la paix un honneur moins vulgaire. Paullinus Pompéius et L. Vétus avaient alors le commandement des armées. Afin de ne pas laisser le soldat oisif, Paullinus acheva la digue commencée depuis soixante-trois ans par Drusus, pour contenir le Rhin. Vétus se disposait à joindre la Moselle et la Saône par un canal au moyen duquel les troupes, après