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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/365

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en vain elle atteste les Germanicus, leurs communs aïeul20, et jusqu’au nom d’Agrippine, du vivant de laquelle, épouse malheureuse, elle avait du moins échappé au trépas : on la lie étroitement, et on lui ouvre les veines des bras et des jambes. Comme le sang, glacé par la frayeur, coulait trop lentement, on la mit dans un bain très-chaud, dont la vapeur l’étouffa ; et, par une cruauté plus atroce encore, sa tête ayant été coupée et apportée à Rome, Poppée en soutint la vue. Des offrandes pour les temples furent décrétées à cette occasion ; et je le remarque, afin que ceux qui connaîtront, par mes récits ou par d’autres, l’histoire de ces temps déplorables, sachent d’avance que, autant le prince ordonna d’exils ou d’assassinats, autant de fois on rendit grâce aux dieux, et que ce qui annonçait jadis nos succès signalait alors les malheurs publics. Je ne tairai pas cependant les sénatus-consultes que distinguerait quelque adulation neuve, ou une servilité poussée au dernier terme.

19. Octavie était fille de Claude par la nature, Néron fils par l’adoption. Répudiée comme épouse, elle n’était donc plus que la sœur du prince
20. Claude, père d’Octavie, et Drusus, père de Claude, portaient tous deux le surnom de Germanicus. D’un autre côté, Néron était petit-fils, par sa mère Agrippine, du grand Germanicus, qui lui-même était frère de Claude et fils de Drusus. Le premier qui prit le titre de Germanique était donc aïeul d’Octavie et bisaïeul de Néron.

Assassinat de deux affranchis

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La même année Néron, à ce que l’on crut, tua par le poison ses principaux affranchis, Doryphore, pour s’être opposé à l’hymen de Poppée, Pallas, parce que sa longue vieillesse retenait sans fin des trésors immenses. Romanus avait secrètement accusé Sénèque de liaisons suspectes avec Pilon ; mais Sénèque rejeta victorieusement l’accusation sur son auteur. Pison conçut des craintes ; et de là naquit plus tard une conspiration redoutable, mais malheureuse, contre le prince.


Fin du Livre XIV