Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/11

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trouvèrent l’histoire concise et exacte d’une foule de hordes de Barbares, qui chaque jour menaçaient, pressaient, assiégeaient les vastes frontières de leur empire ; ils y trouvèrent aussi la satire de leurs dérèglemens ; à chaque phrase le reproche ressort, pour ainsi dire, et le moraliste paraît sans cesse à coté de l’historien. Déjà la vieillesse n’était plus honorée à Rome ; le mariage n’était plus qu’un vain nœud ; les droits sacrés de la paternité étaient méconnus ; une femme avait osé prendre un dixième mari ; on y riait des vices, et cela s’appelait vivre suivant le siècle ; on faisait des testamens, on déshéritait ses proches ; les excès de la table étaient portés au dernier degré ; les descendans des plus illustres familles paraissaient sur le théâtre ; aux exercices du Cirque succédèrent des jeux pleins de mollesse et de licence ; des affranchis occupaient les places les plus éminentes ; les règles de l’ancienne discipline étaient méprisées ; les Romains étaient sans cesse battus, et l’on faisait sans cesse des représentations de faux triomphes : Domitien, toujours vaincu en Germanie, prenait le titre pompeux de Germanique ; et ces fleuves où les Romains s’étaient avancés autrefois en repoussant les Barbares, ne semblaient plus que des objets de conversation et d’ancien souvenir ; les maximes d’état étaient mises en oubli, et non-seulement Rome avait un maître absolu, mais une femme osait s’asseoir sur le trône, à côté de l’empereur, et faisait porter les aigles devant elle ; enfin les parentes les plus débauchées des Césars étaient mises au rang des déesses. Je viens d’indiquer en peu de mots tous les vices qui peuvent entraîner la ruine d’un état : telle est,