Page:Tagore - L’Offrande lyrique.djvu/116

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quand tu me dis tout bas : « Ah ! Je suis un voyageur altéré. » Je secouai mes rêvasseries et versai l’eau de ma cruche dans tes paumes jointes. Le feuillage au-dessus de nous frémissait ; le coucou chantait dans l’ombre et le parfum de la fleur du babla nous parvenait du tournant de la route.

Je suis restée muette, pleine de honte, quand tu m’as demandé mon nom. Qu’avais-je fait, en vérité, pour que de moi tu te souviennes ? Mais que j’aie pu calmer ta soif avec cette eau que je t’avais donnée, cette pensée presse mon cœur dans un enveloppement suave. L’heure matinale est passée, l’oiseau pousse son cri monotone, le feuillage du neem frémit au-dessus de moi, qui reste immobile et médite.