Page:Tagore - L’Offrande lyrique.djvu/23

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cette suite, et qu’en anglais le genre, le sexe de la personne qui parle — de la première personne, peut rester plus lontemps, plus constamment caché qu’en français où les accords grammaticaux sont plus nombreux, — le traducteur se trouve parfois embarrassé. La vérité c’est que le chant est ici celui de l’âme même, asexuée.


Au petit matin un bruissement a dit que nous allions nous embarquer, toi seulement et moi, et qu’aucune âme au monde, jamais, ne saurait rien de notre pèlerinage sans but et sans fin.

Sur cet océan sans rivages, à ton muet sourire attentif, mes chants s’enfleraient en mélodies, libres comme les vagues, libres de l’entrave des paroles.

N’est-il pas temps encore ? Que reste-t-il à faire ici ? Vois, le soir est descendu sur la plage et dans la défaillante lumière l’oiseau de mer revole vers son nid.

N’est-il pas temps de lever l’ancre ? Que notre barque avec la dernière lueur du couchant s’évanouisse enfin dans la nuit.


Car vous entendez bien que le voyage dont il s’agit ici est un voyage mystique