Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/233

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la reine divine de Paphos et de Gnide se montroit à ce peuple telle qu’elle parut aux yeux du berger Phrygien, ou telle que dans l’Olympe elle se présente devant le maître des Dieux pour enchaîner ses volonté ; malgré la beauté de ses formes célestes, malgré le charme puissant de sa ceinture enchanteresse, peut-être seroit-elle méconnue, peut-être seroit-elle sans pouvoir.

Dans les tableaux de Van Ostade il y a tant de mouvement, tant de vie et d’originalité, que ses personnages intéressent beaucoup malgré leurs vilaines formes : on est attaché par l’extrême vérité de leur grotesque bizarrerie ; on ne voudroit pas faire société avec ses modèles, mais on seroit enchanté de les voir ; on se rappelle les gens qui leur ressemblent ; ces comparaisons éveillent toujours la gaieté, et l’on rit toujours en voyant les amusans tableaux d’Ostade ; ils amusent d’autant plus, qu’ils peuvent consoler la laideur et flatter l’orgueil de la beauté. C’est encore un de ses caractères distinctifs d’être de tous les peintres celui qui excite le plus le rire : ce mérite peut bien en valoir un autre ; et sans doute on doit beaucoup de reconnoissance à un talent d’une espèce aussi philantropique.