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LE RÉGIME MODERNE


servés que comme des commémorations et des signes ; tous les autres, jeûnes, abstinences, pèlerinages, culte des saints et de la Vierge, des reliques et de la croix, récitation de paroles apprises, génuflexions et prosternements devant les images ou les autels, ont été déclarés vains ; en fait de prescriptions positives, il n’est resté que la lecture de la Bible, et le devoir, allégé de la piété externe, s’est réduit à la piété intime, aux vertus morales, à la véracité, à la probité, à la tempérance, à la persévérance, à la volonté énergique d’observer la consigne que l’homme a reçue sous deux formes et qu’il peut lire en deux exemplaires concordants, dans l’Écriture interprétée par sa conscience et dans sa conscience éclairée par l’Écriture. Par suite encore, le prêtre protestant a cessé d’être un délégué d’en haut, l’intermédiaire indispensable entre l’homme et Dieu, seul qualifié pour nous absoudre et pour administrer les rites sans lesquels nous ne pouvons obtenir le salut ; il n’est qu’un homme plus grave, plus docte, plus pieux et plus exemplaire que les autres, mais, comme les autres, marié, père de famille, engagé dans la vie civile, bref un demi-laïque. Les laïques qu’il conduit lui doivent la déférence, non l’obéissance ; il ne donne point d’ordres ; il ne rend point de sentences ; la parole en chaire dans une assemblée est son office principal, presque unique, et cette parole n’a qu’un objet, l’enseignement ou l’exhortation. — Chez les Grecs et les Slaves, où l’autorité de l’Église n’est plus que conservatrice, toutes les observances du XIIe siècle ont subsisté, aussi rigoureuses en