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LE RÉGIME MODERNE


« a fallu, dit le conseil supérieur[1], prendre les instituteurs tels qu’on les a trouvés, différents à l’infini en méthodes, en principes, en sentiments, habitués à une liberté presque sans bornes, ou du moins à ne se régler que sur les caprices des parents, répugnant presque tous au régime qu’on voulait leur prescrire. » D’ailleurs, par cette intervention de l’État, « les autorités locales se voyaient arracher une de leurs belles prérogatives ». En somme, « les maîtres ont répugné aux nouveaux devoirs qu’on a voulu leur imposer ; les administrateurs et les évêques ont crié contre les nominations qui n’ont pas été faites d’après leur avis ; les pères de famille se sont plaints des nouvelles taxes qu’ils ont eu à payer. On en est venu à dire que l’Université n’est connue que par ses impôts » et par ses contraintes ; encore en 1811, la plupart de ses maîtres sont insuffisants ou indociles et d’un mauvais esprit. — Raison de plus pour resserrer le lien qui les attache au corps. « La subordination absolue de tous les individus de l’Université est son premier besoin ; point d’Université sans discipline et sans obéissance.

  1. Procès-verbaux et papiers du conseil supérieur de l’Université (manuscrits). — (Deux mémoires soumis à l’Empereur, 1er  février 1811, sur les moyens de fortifier la discipline et l’esprit de corps dans l’Université). Le mémoire demande que les décisions de l’autorité universitaire soient exécutoires sur le simple exequatur des tribunaux ; il importe d’amoindrir l’intervention des tribunaux et des préfets, de couper court aux appels et aux plaidoiries ; l’Université doit avoir pleins pouvoirs et juridiction complète dans son domaine, percevoir les taxes de ses contribuables, réprimer les contraventions de ses justiciables.