qui semblent mortelles. Puis, après des tiraillements
multipliés et une léthargie pénible, elle se
redresse. Mais son organisation n’est plus la même :
par un sourd travail intérieur, un nouvel être s’est
substitué à l’ancien. En 1808, tous ses grands traits
sont arrêtés et définitifs : départements, arrondissements,
cantons et communes, rien n’a changé
depuis dans ses divisions et sutures extérieures :
Concordat, Code, Tribunaux, Université, Institut,
Préfets, Conseil d’État, impôts, percepteurs. Cour
des Comptes, administration uniforme et centralisée,
ses principaux organes sont encore les mêmes ;
noblesse, bourgeoisie, ouvriers, paysans, chaque classe
a dès lors la situation, les intérêts, les sentiments,
les traditions que nous lui voyons aujourd’hui.
Ainsi la créature nouvelle est à la fois stable
et complète ; partant, sa structure, ses instincts et
ses facultés marquent d’avance le cercle dans lequel
s’agitera sa pensée ou son action. Autour
d’elle, les autres nations, les unes précoces, les
autres tardives, toutes avec des ménagements plus
grands, quelques-unes avec succès meilleur, opèrent
de même la transformation qui les fait passer
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L’ANCIEN RÉGIME