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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/123

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LE RÉGIME MODERNE


les autres en ont cinquante et au delà ; parmi ceux-ci, les trois quarts ont soixante ans et davantage. En règle générale, un clerc ne devient évêque qu’après vingt ou vingt-cinq ans de service dans tous les grades inférieurs et moyens ; dans chaque grade, il a fait un stage plus ou moins long, tour à tour vicaire, curé, vicaire général, chanoine, directeur de séminaire, parfois coadjuteur, et presque toujours il s’est distingué dans quelque office : prédicateur ou catéchiste, professeur ou administrateur, canoniste ou théologien. On ne peut pas lui contester la pleine compétence, et il est en droit d’exiger la pleine obéissance ; lui-même, jusqu’à son avènement, il l’a rendue, « il s’en fait gloire », et l’exemple qu’il propose à ses clercs est le sien[1]. D’autre part, son train médiocre ne peut guère exciter l’envie ; c’est à peu près celui d’un général de division, d’un préfet, d’un haut fonctionnaire civil, qui, dépourvu de fortune personnelle, n’a que ses appointements pour vivre. Il n’étale pas, comme autrefois, des confessionnaux doublés de satin, une batterie de cuisine en argent massif, des équipages de chasse, une hiérarchie de majordomes, huissiers, valets de chambre et laquais en livrée, des écuries et des carrosses, de grands seigneurs laïques vassaux de sa suzeraineté et figurant à son sacre, un cérémonial princier de représentation et d’hommages, un attirail

  1. Moniteur, séance du 14 mars 1865, discours du cardinal de Bonnechose : « Je demande une obéissance complète, parce que moi-même, comme ceux d’entre vous qui sont dans les rangs de l’armée ou de la marine, je me suis toujours fait une gloire de la rendre ainsi à mes chefs, à mes supérieurs. »