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LE RÉGIME MODERNE


sa juridiction ; de concert avec leur supérieur et avec le pape, il a droit sur eux et il les emploie. En effet, ce sont des auxiliaires qu’on lui adresse ou qu’il appelle, une troupe disponible et de renfort, plusieurs corps d’élite et préparés exprès, chacun avec sa discipline propre, son uniforme particulier, son arme spéciale, et qui lui apportent, pour faire campagne sous ses ordres, des aptitudes distinctes et un zèle plus vif ; il a besoin d’eux[1] pour suppléer à l’insuffisance de son clergé sédentaire, pour réveiller la dévotion dans ses paroisses et pour raidir la doctrine dans ses séminaires. Or, entre les deux milices, l’entente est difficile ; la seconde, adjointe et volante, marche de l’avant ; la première, occupante et fixe, se dit tout bas que les nouveaux venus usurpent sa place, diminuent sa popularité, écourtent son casuel ; il faut à l’évêque beaucoup de tact et aussi d’énergie pour imposer, à ses deux clergés, sinon la concorde intime, du moins l’assistance réciproque et la collaboration sans conflit. — Quant aux religieuses[2], il est leur ordinaire, unique arbitre, surveillant et gouverneur de toutes ces vies cloîtrées, pour recevoir leurs vœux, pour les en relever : c’est lui qui, après enquête et examen, autorise toute entrée dans la communauté

  1. Moniteur, séance du 14 mars 1865 (Discours du cardinal de Bonnechose). — « Comment ferions-nous, si nous n’avions pas de religieux, de jésuites, de dominicains, de carmes, etc., pour prêcher nos stations d’avent et de carême, pour prêcher nos missions dans les campagnes ? Le clergé (paroissial) n’est pas assez nombreux pour suffire à la tâche de chaque jour. »
  2. Prælectiones juris canonici, II, 305 et suivantes.