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LE RÉGIME MODERNE


lards, pour les orphelins, pour les filles repenties, pour les détenus, pour les militaires en garnison, pour les ouvriers, pour les apprentis, pour les jeunes gens, et quantité d’autres. En matière d’éducation, il y en a bien davantage : ce sont les œuvres qui tiennent le plus au cœur des chefs catholiques ; sans elles, impossible, dans le monde moderne, de préserver la foi des générations nouvelles. C’est pourquoi, à chaque tournant de l’histoire politique, on voit les évêques profiter de la tolérance ou parer à l’intolérance de l’État enseignant, lui faire concurrence, dresser, en face de ses établissements publics, des établissements libres qui sont dirigés ou desservis par des prêtres ou des religieux : après la suppression du monopole universitaire en 1850, plus de cent collèges[1] pour l’enseignement secondaire ; après la loi favorable de 1873, quatre ou cinq facultés ou universités provinciales pour l’enseignement supérieur ; après les lois hostiles de 1882, plusieurs milliers d’écoles paroissiales pour l’enseignement primaire. — Fondation et entretien, tout cela coûte cher ; il faut à l’évêque beaucoup d’argent, surtout depuis que l’État, devenu malveillant, coupe autant qu’il peut les vivres au clergé, ne paye plus de bourses dans les séminaires, ôte aux

  1. Vie de Mgr Dupanloup, I, 506 (1883). « Plus de cent collèges ecclésiastiques ou établissements d’éducation secondaire ont été fondés depuis la loi de 1850. » — Statistique de l’enseignement secondaire. En 1865, il y avait 276 établissements ecclésiastiques libres d’instruction secondaire, avec 34 897 élèves, dont 23 549 internes et 11 348 externes ; en 1876, il y en avait 309, avec 46 816 élèves, dont 33 092 internes et 13 724 externes.