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L’ÉGLISE


son mandat, reste un mandataire, c’est-à-dire un travailleur chargé d’une besogne, et non un privilégié gratifié d’une jouissance ; sa dignité n’est pas une dispense, mais une surcharge : à travers les obligations de son office, il s’assujettit aux observances de la règle ; devenu général, il n’a pas plus de bien-être que le simple soldat ; son lever est aussi matinal, son ordinaire n’est pas meilleur, sa cellule est aussi nue : son entretien personnel n’est pas plus dispendieux. Tel qui commande à dix mille autres vit aussi pauvrement, sous une consigne aussi stricte, avec aussi peu de commodités et moins de loisirs que le moindre frère[1]. Tel, par delà les austérités de la discipline commune, s’imposait des mor-

    maison mère. — Chez les frères des Écoles chrétiennes, sur la convocation faite par les assistants en exercice, un chapitre général se réunit à Paris, rue Oudinot, 27. Ce chapitre, élu par tous les profès de l’ordre, comprend 15 directeurs des principales maisons et 15 frères anciens ayant au moins quinze ans de profession. Outre ces 30, les assistants en fonctions ou démissionnaires et les visiteurs des maisons font, de droit, partie du chapitre, lequel comprend au moins 72 membres. Ce chapitre nomme le supérieur général pour dix ans ; celui-ci est rééligible ; il nomme pour trois ans les directeurs des maisons ; il peut proroger leurs pouvoirs ou les relever de leurs fonctions. — Chez les chartreux, l’élection du supérieur général est faite par les religieux profès de la Grande-Chartreuse, qui s’y trouvent au moment de la vacance. Ils votent par bulletins cachetés et non signés, sous la présidence de deux prieurs qui eux-mêmes ne votent pas.

  1. Se rappeler le portrait du frère Philippe, par Horace Vernet. — Pour le détail des mortifications terribles que s’infligeait le père Lacordaire, voir sa vie par le père Chocarne. « Tous les genres de mortifications aimés des saints, haires, disciplines, fouets de toute espèce et de toute forme, il les a connus et pratiqués… Il se flagellait tous les jours et souvent plusieurs fois par jour. Pendant le carême et surtout le vendredi saint, il se faisait littéralement meurtrir et briser tout le corps. »