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L’ÉGLISE


d’être insulté dans la rue ; depuis 1871, la majorité des électeurs parisiens, par l’entremise d’un conseil municipal qu’elle élit et réélit, persiste à chasser des hôpitaux et des écoles les religieux et les religieuses, afin de mettre à leur place des laïques et de payer deux fois plus cher un service moins bon[1]. — Au commencement, l’antipathie ne s’attachait qu’au clergé ; par contagion, elle s’est étendue jusqu’à la doctrine, à la foi, au catholicisme tout entier, au christianisme lui-même. Sous la Restauration, on disait, en style de polémique, le parti prêtre, et, sous le second Empire, les cléricaux ; par suite, en face de l’Église et sous le nom opposé, les adversaires ont formé la ligue anticléricale, sorte d’Église négative qui a ou qui tâche d’avoir, elle aussi, ses dogmes, ses rites, ses assemblées, sa discipline ; faute de mieux, et en attendant, elle a son fanatisme, celui de l’aversion ; sur un mot d’ordre, elle marche en corps contre l’autre, son ennemie, et manifeste, sinon sa croyance, du moins son incroyance, en refusant ou en évitant le ministère du prêtre. À Paris, sur 100 convois mortuaires, 20, purement civils, ne sont pas présentés

    années obligés de renoncer à porter publiquement leur costume, et ils ne recouvrèrent leur popularité qu’en se dévouant aux malades à l’époque du choléra. » — En 1848, ils avaient regagné le respect et la sympathie ; le peuple venait les chercher pour bénir les arbres de la liberté ; — L’abbé Petitot ajoute : « L’Église gagne tous les jours du terrain, mais bien plus dans les rangs élevés que dans les classes inférieures. »

  1. Émile Keller, les Congrégations, etc., 362 (avec chiffres à l’appui pour les écoles). — Journal des Débats du 27 avril 1890 (avec chiffres à l’appui pour les hôpitaux. Dans les dix-huit hôpitaux laïcisés, l’augmentation des décès est de 4 pour 100).