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L’ÉCOLE


« été professeur, ni professer dans les hautes classes qu’après avoir professé dans les basses ». — Et, d’autre part, les plus hauts offices seront accessibles à tous ; « les jeunes gens qui se voueront à l’enseignement auront la perspective de s’élever, d’un grade à l’autre, jusqu’aux premières dignités de l’État ». Autorité, importance, titres, gros traitements, prééminences, préséances, il y en aura dans l’Université comme dans les autres carrières publiques, et de quoi fournir aux plus beaux rêves[1]. « Les pieds de ce grand corps[2] seront dans les bancs du collège, et sa tête dans le sénat. » Son chef, le Grand Maître, unique en son espèce, moins assujetti, plus libre de ses mains que les ministres eux-mêmes, sera l’un des principaux personnages de l’empire ; sa grandeur relèvera la condition et le cœur de ses subordonnés. En province, dans chaque fête ou cérémonie publique, ils seront fiers de voir leur recteur ou proviseur en costume d’apparat, siéger à côté du général ou du préfet en grand uniforme[3]. La considération témoignée à leur chef rejaillira sur eux ; ils en joui-

  1. Cette intention est formellement exprimée dans la loi. (Décret du 17 mars 1808, article 30.) « Aussitôt après la formation de l’Université impériale, l’ordre des rangs sera suivi dans la nomination des fonctionnaires, et nul ne pourra être appelé à une place sans avoir passé par les plus inférieures. Les emplois feront ainsi une carrière qui présentera au savoir et à la bonne conduite l’espérance d’arriver aux premiers rangs de l’Université impériale. »
  2. Pelet de la Lozère.
  3. Procès-verbaux des séances du conseil de l’Université (manuscrits). Mémoire du 1er  février 1811 sur les moyens de développer dans l’Université l’esprit de corps. Dans ce mémoire, communiqué à l’empereur, le motif ci-dessus est allégué.