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LE RÉGIME MODERNE


les facultés de province, 4000 ou 3000 dans les lycées, 2000, 1500, 1200 dans les collèges communaux, juste de quoi vivre. Le train des plus hauts fonctionnaires est modeste ; chacun vivote sur des appointements restreints qu’il gagne par un travail modéré, sans surcharge ou décharge notable, dans l’attente d’un avancement graduel ou d’une retraite sûre. Point de gaspillage, les écritures sont bien tenues ; peu de sinécures, même dans les bibliothèques ; point de passe-droits ou de scandales criants. L’envie égalitaire est presque désarmée ; il y a beaucoup de places pour les petites ambitions et les mérites moyens, et il n’y a presque aucune place pour les grandes ambitions, les grands mérites. Les hommes éminents servent l’État et le public à prix réduits moyennant un traitement alimentaire, un grade plus haut dans la Légion d’honneur, parfois un siège à l’Institut, un renom universitaire ou européen, sans autre récompense que le plaisir de travailler d’après leur conscience intime[1] et l’approbation des vingt ou trente personnes compétentes, qui, en France ou à l’étranger, sont capables d’apprécier leur travail à sa valeur.

Dernière raison pour accepter ou tolérer l’Université : son œuvre, chez elle ou à côté d’elle, se développe par degrés, et plus ou moins largement, selon les besoins sentis. — En 1815, il y avait 22 000 écoles primaires de

    1849, le maximum du traitement total pour les professeurs à la Faculté de Droit de Paris est limité à 12 000 francs.

  1. Entre autres biographies, lire Ambroise Rendu, par Eugène Rendu.