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L’ÉCOLE


1886, il y avait dans les écoles publiques 10 029 Frères enseignants et 39 125 Sœurs enseignantes. Or, depuis 1886, la loi veut, non seulement que l’enseignement public soit purement laïque, mais encore qu’il ne soit donné que par des laïques ; en particulier, les écoles communales seront toutes laïcisées ; et, pour achever cette opération, le législateur fixe un délai ; ce délai passé, aucun congréganiste, religieux ou religieuse, ne pourra enseigner dans aucune école publique.

Cependant, chaque année, en vertu de la loi, des écoles communales sont laïcisées par centaines, de gré ou de force ; là-dessus, quoique l’affaire soit locale au premier chef, les conseils municipaux ne sont pas consultés ; sur cet intérêt privé, domestique, qui les touche à vif et en un point si sensible, les chefs de famille n’ont pas voix délibérative. Pareillement, dans les frais de l’opération, leur part leur est imposée d’office : aujourd’hui[1], dans le total, des 131 millions que coûte chaque année l’instruction primaire, les communes contribuent pour 50 millions ; de 1878 à 1891, dans le total des 582 millions dépensés en constructions scolaires, elles ont contribué pour 312 millions. — Si ce système déplaît à certains parents, qu’ils se cotisent entre eux, qu’ils bâtissent à leurs frais une école privée, qu’ils y entretiennent à leurs frais des Sœurs ou des Frères ; cela les regarde ; ils n’en payeront pas un sou de moins

    mission de statistique : « En 1878-79, le nombre des écoles congréganistes était de 23 625 avec 2 301 943 élèves. »

  1. Bureaux de la direction de l’instruction primaire, budget de 1892.