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LE RÉGIME MODERNE


et à la gendarmerie, mais encore il entrera dans les cadres administratifs, il n’aura plus le droit de refuser l’institution canonique aux évêques nommés par l’empereur[1], « il prêtera, lors de son exaltation, le serment de ne jamais rien faire contre les quatre propositions de l’Église gallicane[2] », il deviendra un grand fonctionnaire, une sorte d’archichancelier comme Cambacérès et Lebrun, l’archichancelier du culte catholique. — Sans doute il résiste et s’obstine, mais il n’est pas immortel, et, s’il ne cède pas, son successeur cédera : il suffira de le choisir maniable, et, à cet effet, de travailler le prochain conclave. « Avec mon influence et nos forces en Italie, dira Napoléon[3], je ne désespérais pas, tôt ou tard, par un moyen ou par un autre, de finir par avoir à moi la direction du pape, et, dès lors, quelle influence, quel levier d’opinion sur le reste du monde ! » Si j’étais revenu de Moscou victorieux, « j’allais relever le pape outre mesure, l’entourer de pompe et d’hommages ; je l’eusse amené à ne plus regretter son temporel ; j’en aurais fait une idole ; il fût demeuré près de moi, Paris fût devenu la capitale du monde chrétien, et j’aurais dirigé le monde religieux ainsi que le monde politique… J’aurais eu mes sessions religieuses, comme mes

  1. Comte d’Haussonville, ib., IV, 366 (Décret du concile national, 5 août 1811. — Concordat de Fontainebleau, 25 janvier 1813, article 14. — Décret sur l’exécution de ce concordat, 23 mars 1813, article 4).
  2. Sénatus-consulte du 17 février 1810, articles 13 et 14.
  3. Mémorial, 17 août 1816.