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LE RÉGIME MODERNE


Amérique et en Europe, les maximes du gouvernement et l’opinion publique ont changé. Or, après chacun de ces changements, pour raccorder l’établissement ecclésiastique avec l’établissement laïque, il fallait une initiative, une direction, une autorité ; le pape était là, et c’est lui qui, chaque fois, a fait le raccord[1]. — Tantôt, par un acte diplomatique analogue au Concordat français de 1801, il traite avec le souverain du pays, avec la Bavière, le Wurtemberg, la Prusse, l’Autriche, avec l’Espagne, le Portugal, les Deux-Siciles, avec les Pays-Bas, la Belgique, la Russie. Tantôt, grâce au libéralisme tolérant ou à l’indifférence constitutionnelle du gouvernement laïque, il statue à lui seul, notamment en Hollande, en Irlande, en Angleterre, au Canada, aux États-Unis, pour diviser le pays en circonscriptions ecclésiastiques, pour y ériger de nouveaux sièges, pour y régler à demeure la hiérarchie, la discipline, les moyens de subsistance et le recrutement du clergé. Tantôt, lorsque la souveraineté est en litige, comme après l’émancipation des colonies espagnoles, il passe outre, malgré l’opposition de la mère patrie, et « sans se mettre en rapport avec les gouvernements

  1. Principaux Concordats : avec la Bavière, 1817 ; avec la Prusse, 1821 ; avec le Wurtemberg, Bade, Nassau, les deux Hesses, 1821 ; avec le Hanovre, 1824 ; avec les Pays-Bas, 1827 ; avec la Russie, 1847 ; avec l’Autriche, 1855 ; avec l’Espagne, 1851 ; avec les Deux-Siciles, 1818 ; avec la Toscane, 1851 ; avec le Portugal (pour le patronat des Indes et de la Chine), 1857 ; avec Costa-Rica, 1852 ; Guatemala, 1853 ; Haïti, 1860 ; Honduras, 1861 ; Équateur, Venezuela, Nicaragua et Salvador, 1862.