Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 2, 1910.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
154
L’ANCIEN RÉGIME


losophes[1], » et l’esprit chevaleresque se met au service de la liberté. — D’autres services, plus sédentaires et moins brillants, ne les trouvent pas moins zélés. Aux assemblées provinciales[2], les plus grands personnages de la province, évêques, archevêques, abbés, ducs, Comtes, marquis, joints aux notables les plus opulents et les plus instruits du Tiers-état, en tout un millier d’hommes, bref l’élite sociale, toute la haute classe convoquée par le roi, établit le budget, défend le contribuable contre le fisc, dresse le cadastre, égalise la taille, remplace la corvée, pourvoit à la voirie, multiplie les ateliers de charité, instruit les agriculteurs, propose, encourage et dirige toutes les réformes. J’ai lu les vingt volumes de leurs procès-verbaux : on ne peut voir de meilleurs citoyens, des administrateurs plus intègres, plus appliqués, et qui se donnent gratuitement plus de peine, sans autre objet que le bien public. La bonne volonté est complète. Jamais l’aristocratie n’a été si digne du pouvoir qu’au moment où elle allait le perdre ; les privilégiés, tirés de leur désœuvrement, redevenaient des hommes publics, et, rendus à leur fonction, revenaient à leur devoir. En 1778, dans la première assemblée du Berry, l’abbé de Séguiran[3], rapporteur, ose

  1. Ségur, I, 87.
  2. Les assemblées du Berry et de la Haute-Guyenne commencent en 1778 et 1779, celles des autres généralités en 1787. Toutes fonctionnent jusqu’en 1789. (Cf. Léonce de Lavergne, Les assemblées provinciales.)
  3. Léonce de Lavergne, ib., 26, 55, 183. Le bureau des impôts de l’assemblée provinciale de Tours réclame aussi contre les privilèges en fait d’impôts.